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La clause de premier refus en immobilier, c’est quoi ?

Stéphanie DezêcacheCourtier immobilier résidentiel

22 sept. 2025


Pour ne pas avoir l'impression que tout peut basculer, soyez bien avisés et prêts à utiliser cette clause méconnue mais pourtant pleine d'avantages pour les deux parties.

Imaginez que vous vouliez acheter une maison, mais que vous deviez vendre la vôtre avant. La clause de premier refus vous protège : si un autre acheteur arrive avec une offre que le vendeur est prêt à accepter, vous avez le droit d’acheter la maison aux mêmes conditions que lui.

Concrètement, cela vous donne une priorité sans empêcher le vendeur de considérer d’autres offres. C’est un compromis : vous avez une chance de sécuriser la propriété, et le vendeur n’est pas bloqué indéfiniment.

C’est pourquoi il est essentiel de bien comprendre les délais, les preuves financières à fournir et les obligations de chaque partie. En tant que courtier, je conseille toujours mes clients pour qu’ils sachent exactement ce que cette clause implique… et comment en tirer avantage.

Voici des explications plus claires pour comprendre son rôle et ses implications.


Dans le domaine de l’immobilier résidentiel au Québec, plusieurs mécanismes contractuels existent pour protéger les intérêts des parties. Parmi ceux-ci, la clause de premier refus occupe une place importante, particulièrement lorsqu’un acheteur potentiel doit vendre sa propriété actuelle avant de finaliser une nouvelle acquisition. Mal comprise par certains, cette clause peut pourtant jouer un rôle stratégique dans une transaction, à condition qu’elle soit bien encadrée.

Qu’est-ce que la clause de premier refus ?

La clause de premier refus confère à la personne qui en bénéficie (souvent l’acheteur) le droit d’égaler toute offre que le vendeur est prêt à accepter d’un tiers. Autrement dit, si un autre acheteur soumet une promesse d’achat et que le vendeur souhaite l’accepter, le détenteur du droit de premier refus peut décider d’acheter le bien aux mêmes conditions.

Ce mécanisme protège ainsi l’acheteur initial en lui donnant une priorité, sans toutefois bloquer complètement la possibilité pour le vendeur d’accepter une offre concurrente.

La clause R2.1 et son application en immobilier

Dans les formulaires de promesse d’achat utilisés au Québec, la clause R2.1 illustre bien l’application concrète de ce droit. Elle est généralement utilisée lorsque l’acheteur doit vendre sa propre propriété avant de conclure l’achat d’une nouvelle.

Voici un exemple typique :

  • Un acheteur souhaite acquérir une maison, mais sa promesse d’achat est conditionnelle à la vente de son condo actuel.
  • Le vendeur accepte cette promesse, mais pour éviter de bloquer la vente indéfiniment, il accorde à l’acheteur un droit de premier refus pendant une période déterminée.
  • Si, entre-temps, un autre acheteur présente une offre au vendeur, ce dernier doit aviser l’acheteur initial. Celui-ci aura alors un délai précis pour :
  • soit confirmer l’achat, en démontrant qu’il dispose des fonds (même sans vendre sa propriété actuelle),
  • soit renoncer, laissant alors le champ libre au nouvel acheteur.

Cette clause établit donc un équilibre entre la sécurité de l’acheteur initial et la flexibilité du vendeur qui conserve la possibilité de recevoir d’autres offres.

L’importance de la communication et de la documentation

Comme pour tout mécanisme contractuel en immobilier, la clarté et la rigueur dans la rédaction sont essentielles. Une clause de premier refus mal rédigée ou mal expliquée peut engendrer des litiges :

  • Qui est véritablement l’acheteur prioritaire ?
  • Dans quel délai l’acheteur initial doit-il répondre ?
  • Quelles preuves financières doivent être fournies ?

Pour éviter toute ambiguïté, il est fortement recommandé de bien documenter l’entente dans le contrat de courtage et dans la promesse d’achat. Cela protège à la fois le vendeur, l’acheteur et le courtier, en assurant une transparence totale sur les droits et obligations de chacun.

Les impacts de la clause de premier refus : responsabilités du vendeur et de l’acheteur

La clause de premier refus n’est pas qu’une simple formalité : elle entraîne des droits mais aussi des responsabilités pour les deux parties. Voyons plus en détail ce que cela signifie, tant pour le vendeur que pour l’acheteur.

Du côté du vendeur

Avantages :

  • Le vendeur n’est pas « prisonnier » de l’acheteur initial. Il peut continuer à recevoir et considérer d’autres offres.
  • Cela lui permet d’avancer dans sa démarche de vente sans craindre que la condition de vente d’un acheteur bloque tout le processus.
  • Le droit de premier refus peut stimuler un sentiment d’urgence chez l’acheteur initial, qui pourrait accélérer ses démarches pour sécuriser la propriété.

Responsabilités et contraintes :

  • Le vendeur doit aviser l’acheteur initial dès qu’une nouvelle offre est reçue et qu’il souhaite l’accepter.
  • Il doit respecter les délais prévus dans la clause : si l’acheteur a, par exemple, 48 heures pour se manifester, le vendeur ne peut pas agir avant l’expiration de ce délai.
  • Si l’acheteur initial lève son droit de premier refus en respectant les conditions, le vendeur est tenu légalement de lui vendre la propriété aux conditions convenues.

Du côté de l’acheteur initial (détenteur du droit de premier refus)

Avantages :

  • L’acheteur bénéficie d’une priorité d’achat sur tout autre acquéreur.
  • Cela lui laisse du temps pour vendre sa propre propriété, tout en gardant la maison convoitée « en réserve ».
  • Si une offre concurrente arrive, il peut égaler cette offre et sécuriser la propriété sans être écarté.

Responsabilités et contraintes :

  • L’acheteur doit être prêt à agir rapidement : une fois informé d’une nouvelle offre, il dispose d’un délai précis (24, 48 ou 72 heures, selon ce qui est prévu).
  • Il doit fournir la preuve de sa capacité financière s’il n’a pas vendu sa propriété actuelle (par exemple, une lettre bancaire confirmant qu’il peut acheter sans condition).
  • S’il n’est pas en mesure d’assumer l’achat dans le délai, il doit renoncer, et la propriété pourra être vendue au nouvel acheteur.

Du côté du nouvel acheteur (celui qui présente une autre offre)

Il faut aussi considérer l’impact sur la personne qui dépose une nouvelle promesse d’achat :

  • Cet acheteur peut investir temps et énergie dans une promesse qui sera finalement « doublée » par le détenteur du droit de premier refus.
  • Sa promesse d’achat doit souvent contenir une clause qui la rend subordonnée au refus du détenteur du droit.
  • Même si cela peut sembler frustrant, il s’agit d’une pratique légale et courante au Québec.

En résumé

  • Pour le vendeur : plus de flexibilité, mais obligation de transparence et de respect des délais.
  • Pour l’acheteur initial : sécurité d’une priorité, mais responsabilité d’être réactif et prêt financièrement.
  • Pour l’acheteur concurrent : incertitude, mais toujours la possibilité d’obtenir la propriété si le premier acheteur n’exerce pas son droit.

La clause de premier refus est donc un outil puissant, mais qui doit être utilisé avec soin et clarté. Elle peut sécuriser une transaction ou, au contraire, la complexifier si elle est mal comprise.

Les conseils du courtier immobilier

Le rôle du courtier est central lorsqu’une clause de premier refus entre en jeu. Son devoir est de conseiller et informer son client sur :

  • Les conditions précises permettant l’exercice de ce droit ;
  • Les délais légaux ou contractuels à respecter ;
  • Les obligations financières liées à la levée ou au refus de la clause ;
  • Les impacts potentiels sur la négociation, la vente et la rétribution.

Une bonne compréhension de cette clause peut faire la différence entre une transaction fluide et un conflit contractuel.

En conclusion

La clause de premier refus, notamment la clause R2.1, est un outil précieux en immobilier québécois. Elle permet de sécuriser l’acheteur tout en laissant au vendeur la possibilité de considérer d’autres offres. Toutefois, son efficacité repose sur une communication claire, une documentation rigoureuse et l’accompagnement d’un professionnel compétent.

Avant de signer une promesse d’achat incluant cette clause, assurez-vous d’être bien conseillé afin de protéger vos intérêts et de respecter les obligations prévues par la loi et les formulaires de l’OACIQ.



Écrit par Stéphanie Dezêcache

Courtier immobilier résidentiel
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